Prothèses amovibles pour Mars et Vénus

Avec Berlusconi, Vénus récupère son bras et Mars son pénis

«Miracle au Palais Chigi», le siège du gouvernement italien, commente ce jeudi le quotidien italien «la Reppublica». Par la volonté de Silvio Berlusconi, une Vénus sans bras et un Mars sans pénis ont soudain retrouvé leurs membres.

Les deux sculptures en marbre datant du IIe siècle ont subi une opération de chirurgie esthétique au mépris des règles de restauration d'oeuvres d'art en vigueur en Italie, pour la modique somme de 70 000 euros. Et ce alors que le ministère de la Culture voit son budget se réduire comme peau de chagrin, -46% l'an prochain.

Pour couronner le tout, les deux statues ont été installées sur un fond bleu azur très kitsch, digne d'un décor hollywoodien. Un choix de l'architecte personnel du Cavaliere, Mario Catalano. Datant de 175 après Jésus-Christ et retrouvé en 1918 à Ostie, près de Rome, ce marbre de 1,4 t, haut de 2,28 m, représente le dieu de la Guerre sous les traits de l'empereur Marc-Aurèle et la déesse de l'Amour sous ceux de sa femme Faustine.

«Pourquoi les sculptures en Chine ont l'air d'être neuves ?»

Déjà, son transfert du Musée romain des Thermes de Dioclétien dans le palais où travaille Berlusconi avait créé quelques remous, car il privait le public de la vue de cette oeuvre. Même si l'accord de prêt prévoit son retour au musée à la fin de la législature (2013).

«Pourquoi les sculptures en Chine ont l'air d'être neuves, alors qu'aux nôtres manquent des bras et des têtes ?» avait demandé M. Berlusconi à son architecte lorsque la statue lui avait été livrée, affirme «la Repubblica». Selon les règles drastiques entourant en Italie la restauration d'oeuvres d'art aussi sensibles, les travaux réalisés ne doivent pas tromper le spectateur et montrer la différence entre ce qui est vraiment original et ce qui a été restauré.

De quoi susciter une nouvelle polémique alors que le chef du gouvernement italien traverse une sérieuse crise politique. Le maintien au pouvoir du magnat des médias, empêtré dans un énième scandale sexuel, est menacé par une fronde ouverte de son ex-partenaire de coalition Gianfranco Fini. Son gouvernement pourrait faire l'objet d'une motion de censure le 14 décembre à la Chambre des députés.

Que les amateurs d'art se rassurent : l'architecte de Berlusconi souligne que le bras et le pénis ressuscités sont des prothèses amovibles.

Leparisien.fr